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- La France à mobylette -
Projet Michel

J’ai 24 ans, et je connais Maël depuis que j’en ai 11.

Des bancs du collège Charles Sénard aux sièges usés de nos premières bagnoles sur les routes d'été, il est devenu de ces amis forgés par le temps, par l'inaltérable présence, dont les visages demeurent au milieu de ceux que la vie force à défiler.

 

Pendant ces 13 années, le temps nous a construit, consciencieusement, une jeunesse à partager, des instants à créer et, au fil de nos succès et de nos échecs, des futurs à inventer.

 

13 années qui permettent, ce soir d'août 2018, alors que nous trinquons à la croisée de nos vies expatriées (je vivais au Liban alors qu'il rentrait d'un an de road-trip à travers l'Europe), de transformer l'idée plutôt délirante de rallier Lyon au Mont Saint-Michel à mobylette en un réel projet.


Pourtant tous deux motards, le choix des mobylettes est porté par cette envie de délaisser les grands axes pour, à l'heure des autoroutes, du TGV et des vols intérieurs, prendre le temps de voir cette France que nous connaissons finalement trop peu, de rencontrer les personnes qui l’incarnent, de parcourir, par delà les villes, ces routes et ces campagnes qui reposent dans la “diagonale du vide“, zone oubliée, parfois délaissée, souvent marginalisée, voire moquée.

 

Des mobylettes, aussi, pour remonter le temps comme nous remonterons la France, à la rencontre d'une époque que nous n'avons pas connue, celle des Motobécanes, Solex, Peugeot, celle de nos parents et grand-parents. 

 

Le “Projet Michel“ met un an à mûrir dans nos tête. Il devient inévitable lorsque, en Juin 2019, nous descendons dans la Drôme pour en revenir avec deux Peugeot : une 104 de 1977 et une 103 Vogue de 1988. 

 

Ne reste alors plus qu’à préparer les “mobs“, les sacs, et à quitter Lyon à 45km/h de moyenne, avec la perspective lointaine d'un Mont que l'on imagine inatteignable tant ce qui nous en sépare semble vaste, avec deux vieux guidons entre nos mains, des sillons d'asphalte à perte de vue, et les mots de Sylvain Tesson qui, bien qu'il marchât sur ses “chemins noirs“, résonnent pour nous du même écho, dessinent le même parcours :

 

“Non contents de tracer un réseau de traverse, les chemins noirs pouvaient aussi définir les cheminements mentaux que nous emprunterions pour nous soustraire à l'époque“

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