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Al Thawra
- Révolution Libanaise -

Ca commence comme une rumeur sourde qui parcourt la ville. Il paraît que de nombreuses personnes répondent à l'appel à manifester aujourd'hui place des martyrs. 

Pourquoi ? Le gouvernement a annoncé la mise en place d'une taxe Whatsapp, service jusqu'alors gratuit et messagerie très majoritaire dans la population Libanaise. 

 

Cette taxe, si anodine eut-elle put être dans un autre contexte, devient l'étincelle.

Le lendemain, les manifestations reprennent, place des Martyrs, mais aussi sur le Ring, artère routière centrale de la capitale.

 

On demande alors plus, on veut le départ des “dinosaures de guerre“, des “fantômes“, l'ensemble d'un gouvernement poussiéreux par lequel on ne se sent plus représenté.

 

Les jours suivant, la taxe Whatsapp n'est plus qu'un lointain souvenir.

 

C'est l'dentité même du Liban qui se joue dans la rue, jour et nuit.

Au pouvoir, les Aoun, Hariri et Berri incarnent l'archaïsme des instances politique : Figures de proue de partis qui s'entretuaient encore 30 ans auparavant, le maintien de leurs positions politiques passent avant le peuple. On les accuse de clientélisme, de corruption, on attend leur aveu d'échec.

 

Quel échec ? Celui d'être digne de ce qui s'allume sous leurs fenêtres.

Car, pour la première fois, les clivages confessionnels tendent à tomber, unis dans une indignation de plus en plus farouche, le Liban regarde enfin dans la même direction.

En cela, l'identité du pays est au cœur de ce mouvement.

 

Et malgré les coups d'éclats de quelques militants opposés à la rue, certain évoquent “la vraie fin de la guerre civile“. 

 

Les manifestations deviennent mouvements, le mouvement devient révolte et, sans trop savoir exactement quand, on se prend à parler d'Al Thawra : la Révolution.

 

Les actes amènent-ils les mots, ou l'étymologie vient-elle affermir les doléances d'une rue qui est déjà trop loin pour reculer ?

Pour la plupart, peu importe : le Liban se soulève, de Tyr à Tripoli, en passant par Saïda, Baalbek et par son épicentre, Beyrouth.

 

Dès lors, on se met à rêver, à croire que l'on sera plus fort que les fatalités qui pèsent sur le levant comme un dôme inexorable. Les jeunes veulent changer leur futur, les anciens veulent mettre un terme au passé et, de ces vœux qu'on ne veut pieux, nait l'effervescence, l'autre monde, celui auquel on appartient pas mais qui sera le notre.

 

C'est une balade quotidienne. Une errance révoltée dans un désordre bouillonant.

D'un jour qui tombe à son crépuscule, comment le Liban a tenter, l'espace de quelques semaines, d'exalter ses attentes, de se dérober aux horizons promis.
 

C'est une chronique révolutionnaire, un aveu de joie et de colère, pour reprendre les mots de Mahdi, regard brillant et sourire en coin  : 

“Je suis plus libre, maintenant. J'ai de la colère et de la joie en moi, c'est un mécanisme. 

Le cercle n'est pas fait de bon et de mauvais, mais de joie et de colère, ensemble, et ça ne s'arrête jamais. 

Les révoltes ne sont que colère et joie.


Suffisamment de colère pour continuer à se battre, et suffisamment de joie pour ne croire en rien d'autre qu'en ce besoin de révolte.“

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